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Publish date: 2023-05-25 23:30:13
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Ils n’ont pas vécu en direct le but de Basile Boli, ni les arrêts de Fabien Barthez, gardien intraitable face à l’attaque de l’AC Milan. Ils n’ont pas plus participé à la fête qui a embrasé le Vieux-Port, ni au retour triomphal des footballeurs et de leur président, Bernard Tapie, au Stade-Vélodrome, « coupe aux grandes oreilles » en main. Ce 26 mai 1993, ils n’étaient tout simplement pas encore nés. Ou alors bien trop jeunes pour ressentir l’euphorie qui a emporté la ville lorsque l’Olympique de Marseille (OM) a signé à Munich (Allemagne) la première victoire française – et la seule à ce jour – en Ligue des champions (1-0).
Trente ans plus tard, alors que l’OM s’apprête à fêter avec faste l’anniversaire de son exploit, ces supporteurs sont désormais majoritaires dans les tribunes du Stade-Vélodrome. Selon les chiffres du club, 55 % des spectateurs ou des abonnés pour les matchs de la saison 2022-2023 ont moins de 34 ans. Soit plus de 30 000 personnes par rencontre, dans ce stade de 67 000 places, complet – ou presque – depuis août.
Que représente vraiment la victoire à Munich pour ces nouvelles générations de fans ? Cette étoile dorée brodée au sommet du logo du club ? Ce slogan bravache, « A jamais les premiers » ? « C’est mythique. Le plus grand moment de l’histoire de l’OM », assure Franck Ferrucci, yeux bleus pétillants au-dessus de sa barbe brune. Né à Marseille en février 1992, cet éducateur spécialisé avait à peine plus de 1 an lorsque Didier Deschamps, capitaine d’un OM taillé pour le combat, a soulevé la coupe d’Europe face aux stars du « grand Milan », présidé par Silvio Berlusconi. « Je n’en ai aucun souvenir et pourtant, c’est ultraprésent, fondateur de ce qu’est l’OM aujourd’hui, insiste ce Marseillais de naissance, abonné du Stade-Vélodrome depuis dix ans. C’est un repère sur lequel tout le monde est d’accord, notre ciment. Quand je pense à ça, je nous vois comme des Grecs à la proue de leurs bateaux, glaive à la main, prêts à la conquête. »
« Mémoire collective »
« “A jamais les premiers”, c’est quelque chose qu’on entend dans tous les repas de famille », confirme Emma Rebuffat, 21 ans. Cette jeune femme blonde, alternante dans une usine agroalimentaire, n’avait qu’un an quand ses parents l’ont abonnée au virage sud. La finale de 1993, elle l’a découverte adolescente, lors d’une rediffusion télévisée : « Je l’ai regardée avec mes grands-parents. C’était dingue de voir à quel point ils étaient encore émus. Marseille a toujours été passionné par le football, mais, depuis cette victoire, quelque chose est différent. Cela joue sur la manière dont les anciens transmettent leur amour de l’OM aux jeunes. »
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