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Publish date: 2023-05-20 05:30:11
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Comme à chaque rencontre, toute la famille est du voyage. Lorsque Jordan et Samy Corvée font leur entrée sur le terrain de badminton, Corinne et Stéphane, leurs parents, Maurice, leur grand-père, sont déjà installés dans les gradins de la salle Auguste-Grégoire de Cholet (Maine-et-Loire). Même si l’enjeu de cette journée d’avril est faible pour l’équipe choletaise, déjà assurée de son maintien en top 12, le championnat de France interclubs, tout le monde s’est déplacé de l’Orne, d’où est originaire la famille, pour soutenir les deux jeunes badistes.
Tout en encourageant Jordan et Samy qui jouent en double hommes, Corinne guette sur son téléphone la performance de son aîné de 30 ans, Lucas, aux interclubs en Suisse. Actuellement 31e mondial en double hommes, Lucas est en course pour se qualifier aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. Il doit être classé dans le top 16 mondial. « Ce n’est pas si loin, assure Samy, le benjamin de 23 ans. Mais les dernières places sont dures à aller chercher. »
Dans cette famille d’entraîneurs sur trois générations, « on vit, on mange, on dort bad », résume Corinne, la mère de 58 ans, ancienne joueuse internationale et entraîneuse à Condé-sur-Sarthe (Orne). Cette passion pour le volant, reçue de son père Maurice Sonnet, Corinne l’a transmise très jeune à ses enfants. « Mes trois garçons ont joué au badminton dans mon ventre, ils sont nés avec une raquette », aime-t-elle raconter.
La badiste les initie avec l’aide de son père dès l’âge de 2 ans. Jordan, 28 ans, se souvient encore de la première fois où il a battu son grand-père. « C’était un peu un palier. Tu battais Maurice, t’avais un petit niveau ! », raconte-t-il, du haut de ses deux mètres. Les trois frères sont partis de chez eux à 13 ans pour démarrer, comme leur mère, une carrière de sportif de haut niveau en passant par l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) : Lucas est actuellement licencié au club d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), Jordan et Samy, à Cholet.
Une petite renommée régionale
Maurice, 84 ans, est le premier à s’être entiché de ce sport. En 1965, ils ont déjà cinq enfants avec sa femme, Jacqueline, et pour occuper cette petite troupe, ils partent le dimanche en 4 CV pique-niquer au bord de la piscine d’un hôtel, à une vingtaine de kilomètres de chez eux. « On emportait la glacière et on jouait sur l’herbe. C’est comme ça que j’ai commencé à taper la raquette », raconte Maurice.
En 1974, ouvrier dans une usine avec un besoin de « se défouler », il apprend qu’un club de badminton se crée à Alençon (Orne). « Le premier soir où j’ai joué, j’ai tellement transpiré que j’en ai craqué mon pantalon ! », s’amuse le grand-père qui, s’il a perdu au fil des ans une partie de son ouïe, a conservé intacts son humour et son énergie. Après ce match, il ne raccrochera plus jamais sa raquette – jusqu’à la retraite, lorsque son dos ne lui permettra plus de jouer. Entre-temps, sous son impulsion, ses enfants et petits-enfants ont pris la relève.
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