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Publish date: 2023-05-23 06:32:11
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Prévue sur la Seine, à Paris, entre la Bibliothèque François-Mitterrand et la tour Eiffel, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet 2024 (à partir de 20 h 24), s’annonce comme un énorme défi en matière de sécurité, puisque ce sont environ 500 000 personnes qui sont attendues à cette occasion sur 6 kilomètres de part et d’autre du fleuve, sans oublier la présence d’environ 10 000 athlètes et de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement.
Dans cette perspective, après des mois de discussions – et parfois de tensions entre l’Etat et la Ville de Paris sur le partage des rôles – un protocole a été signé, mardi 23 mai, par le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), Amélie Oudéa-Castéra, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le président de Paris 2024, Tony Estanguet.
Ce document établit « les principes directeurs qui répartissent nos responsabilités pour la sécurisation de la cérémonie », a expliqué M. Darmanin. A savoir que l’Etat « garantit la sécurité des Jeux », la Ville de Paris « est gestionnaire de l’espace public » et Paris 2024 « gère l’organisation de l’événement sportif et du déroulé de la cérémonie », celle-ci devant durer plus de trois heures et mobiliser 91 bateaux (plus une trentaine de bateaux de sécurité).
« Pour que la fête soit belle, il faut garantir la sécurité », a déclaré Mme Hidalgo, ajoutant que le protocole signé traduit le fait que « chacun travaille dans son champ de compétences (…) pour réussir ensemble » et qu’il comporte « tous les ingrédients de réussite ».
Combien de spectateurs sont attendus ?
Initialement, pour cette première cérémonie d’ouverture des Jeux hors d’un stade, l’ambition était de rassembler 600 000 personnes : 100 000 sur les quais bas, avec des places payantes (celles qui ont suscité les polémiques ces dernières semaines en raison de leur prix, jusqu’à 2 700 euros) et 500 000 sur les quais hauts, avec un accès gratuit.
Ce chiffre de 600 000 a encore été évoqué, mardi, par M. Darmain lorsqu’il a été interrogé sur la jauge de spectateurs. Mais il s’est ensuite contenté d’assurer qu’« il y aura[it] des centaines de milliers de personnes sur les quais hauts ». « Cela dépendra du temps, de la publicité que vous en faites », a-t-il lancé. Mme Hidalgo et M. Estanguet n’ont pas, eux non plus, été plus précis.
Le chiffre exact n’est pas encore arrêté. Depuis plusieurs semaines, certains acteurs, comme la région Ile-de-France et Ile-de-France mobilités ont alerté, considérant qu’un tel afflux serait compliqué à absorber, notamment au niveau des transports, et invitant à tabler plutôt sur 400 000 personnes sur les quais hauts. Devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, le 16 mai, Mme Oudéa-Castéra a évoqué une jauge qui « sera autour de 400 000 » personnes.
Dans le protocole signé mardi, il est précisé que le public en accès gratuit sera « canalisé et installé dans des boxes délimités par des barrières amovibles » et que « le ratio d’occupation de la surface au sol sera fixé à 3 personnes par m2 ».
Comment pourra-t-on accéder gratuitement à la cérémonie ?
L’accès aux quais hauts se fera par une billetterie spéciale et gratuite. Celle-ci sera mise en place par le ministère de l’intérieur.
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« Nous allons concevoir, développer, financer et organiser une plate-forme d’inscription sécurisée, a expliqué M. Darmanin. C’est un outil qui sera indispensable pour réguler l’ensemble des flux qui vont concerner les Parisiens et les touristes qui vont voir cette cérémonie d’ouverture. »
La date d’ouverture de cette billetterie n’a pas été précisée. Le texte du protocole, signé mardi, mentionne juste que « le cahier des charges de l’appel d’offres pour la création de cette plateforme sera établi pour la fin du premier semestre 2023 ».
A ce stade, il n’est pas encore formellement décidé si ce dispositif impliquera, ou pas, un tirage au sort. « La Ville assurera l’accueil de ce public », a précisé Mme Hidalgo.
S’il suffira « de [présenter] cette inscription et une pièce d’identité » pour pouvoir assister à la cérémonie, M. Darmanin a précisé que les spectateurs qui viendront sur les quais, notamment les quais hauts, pourront faire l’objet d’un « criblage », c’est-à-dire d’une enquête administrative.
Le projet de loi relatif aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP) et portant diverses autres dispositions adopté le 12 avril par le Parlement vient d’autoriser une telle disposition. « En parfait accord avec la CNIL on pourra regarder qui pourra représenter une menace ce jour-là », a expliqué le ministre de l’intérieur.
Combien de forces de l’ordre seront mobilisées ?
Comme il l’avait déjà déclaré devant les sénateurs, en octobre 2022, M. Darmanin a confirmé que la cérémonie d’ouverture devrait mobiliser, à elle seule, « près 35 000 forces de sécurité intérieure » (policiers et gendarmes). « Cela n’a pas de précédent dans l’histoire des forces de l’ordre », a-t-il insisté, ajoutant qu’il y aurait « un périmètre antiterroriste ».
A ces forces de sécurité s’ajouteront 2 000 policiers municipaux de la Ville de Paris pour la partie quais hauts, ainsi que « 2 000 à 3 000 agents de sécurité privée » pour les quais bas, « sous la responsabilité de l’Etat, qui supervisera l’ensemble de la sécurité des Jeux et de cette cérémonie », selon M. Estanguet.
Le secteur Trocadéro-tour Eiffel, où seront présents notamment les chefs d’Etat et de gouvernement, sera « exclusivement pris en charge » par les forces de sécurité intérieure, précise le texte du protocole.
Quel sera le coût du dispositif de sécurité ?
Interrogé sur le coût que représentera la mobilisation de 35 000 forces de l’ordre le jour de la cérémonie d’ouverture et sur le partage de la facture entre l’Etat et le Comité d’organisation, M. Darmanin n’a pas donné de réponse précise.
« Je ne peux pas dire pour ce jour-là », a-t-il répondu, tout en ajoutant que la facture sécurité pour l’Etat « pour l’ensemble des Jeux sera de 200 millions d’euros ».
Dans un rapport sur les JOP, publié en janvier, la Cour des comptes avait relevé que « le coût de la sécurité et la répartition du financement entre les pouvoirs publics et l’organisateur [n’avaient] pas à ce jour été précisément établis ».