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Publish date: 2023-03-16 14:29:23
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La deuxième des cinq épreuves féminines de la Coupe du monde de fleuret aurait dû se tenir début mai à Tauberbischofsheim, dans le nord-est du land de Bade-Wurtemberg. Mais, jeudi 16 mars, la Fédération allemande d’escrime a annoncé renoncer à accueillir l’événement, qui compte pour les qualifications aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. En cause : la décision prise quelques jours plus tôt par la Fédération internationale d’escrime (FIE) d’autoriser aux athlètes russes et biélorusses de participer de nouveau à ses compétitions.
Le 10 mars, la FIE avait été la première instance a s’être officiellement prononcée sur ce sujet délicat – les sportifs des deux pays ayant été mis au ban du sport international dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin, avec le concours de Minsk, le 24 février 2022. Une décision soumise aux « éventuelles recommandations/décisions » du Comité international olympique (CIO), mais motivée par le calendrier sportif, les sélections pour les JO commençant dès le mois d’avril pour cette discipline.
Or, fait valoir la fédération allemande par la voix de sa présidente, l’ancienne épéiste Claudia Bokel, vice-championne olympique par équipes à Athènes en 2004, l’étape de Coupe du monde à Tauberbischofsheim « aurait dû être l’une des premières à devoir appliquer » cette mesure, qui concerne aussi bien les épreuves individuelles que par équipes.
Ainsi, explique-t-elle, si son organisation respecte la décision de la FIE, elle souhaite « envoyer un signal clair ». Et Claudia Bokel d’insister : « On aurait aimé une issue différente, et il existe à nos yeux encore de nombreuses questions ouvertes sur la mise en application de la décision [de la fédération internationale], qui rendent impossibles la tenue du tournoi. »
« Le bon moment n’est pas encore venu »
Le 28 février, le numéro 2 du Comité olympique allemand (DOSB), Torsten Burmester, s’était publiquement prononcé contre la proposition du CIO d’explorer une voie pour permettre un retour des athlètes russes et biélorusses dans le giron du sport mondial.
Le secrétaire général, dont les propos avaient été relayés sur le site du DOSB, soulignait alors : « De notre point de vue, le bon moment n’est pas encore venu d’autoriser à nouveau les sportives et sportifs avec un passeport russe ou biélorusse dans les compétitions internationales. Les actes de guerre se sont encore renforcés ces dernières semaines [en Ukraine], en particulier les attaques contre les populations civiles. »
Si M. Burmester reconnaissait toutefois que « la discussion est désormais internationale » sur ce sujet, il avait insisté : « Nous ne pouvons imaginer une réintégration – si elle devait être décidée – que sous de très strictes conditions. Une véritable neutralité doit être garantie, sans drapeau, symbole national, couleur et hymne. »
Pas question de voir se répéter des scènes « comme à Pyeongchang, Tokyo ou Pékin », où, en raison de multiples scandales de dopage, la Russie avait été suspendue. Ses sportifs, alors contraints de concourir sous la « bannière neutre » du comité olympique russe, arboraient néanmoins les couleurs blanc-bleu-rouge du pays.
Dans une lettre commune, à l’issue d’une conférence organisée le 11 février entre ministres des sports, une trentaine d’Etats – dont la France, le Royaume-Uni, la Suède, la Pologne ou encore les Etats-Unis – avaient demandé au CIO des « clarifications » sur la neutralité exigée des Russes et des Biélorusses conditionnant leur participation aux JO 2024.