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Publish date: 2023-05-21 11:01:27
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On savait le volcan réveillé depuis un moment, mais la violence de l’éruption qui secoue le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ne manque pas d’étonner. Jeudi 25 mai, l’instance doit tenir son assemblée générale, à la Maison du sport français, dans le 13e arrondissement de Paris. Pour tenter de sortir d’une crise de gouvernance qui dure depuis de longs mois, certains membres du CNOSF préconisent d’y organiser un vote de confiance – qui n’est pourtant pas prévu par les statuts – sur l’action de la présidente, Brigitte Henriques, élue en juin 2021.
A quatorze mois des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, il y a urgence à apaiser l’atmosphère au CNOSF. Mercredi 17 mai, la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a estimé que « le mouvement sportif ne peut en aucun cas se permettre de telles divisions (…) devant le monde entier ». « Cette maison doit revenir en ordre avec l’ensemble des parties prenantes », a insisté la ministre.
Les « parties prenantes » sont nombreuses au CNOSF, mais plus l’instance s’enfonce dans la crise, plus il apparaît évident que le fond du problème est la lutte acharnée à laquelle se livrent Denis Masseglia, 75 ans, président du CNOSF de 2009 à 2021, et sa successeure, Mme Henriques, 52 ans, qui fut précédemment vice-présidente de la Fédération française de football (FFF) et du CNOSF.
Nouveaux éléments troublants
Dans ce contexte incendiaire, Le Monde a pris connaissance de nouveaux éléments troublants. Selon nos informations, M. Masseglia a vainement proposé, dans un mail que nous avons consulté, en janvier 2022, à Mme Henriques un montage financier destiné à dissimuler, notamment à la Cour des comptes, le montant global des frais qu’il comptait se faire rembourser en tant que président honoraire et ambassadeur du CNOSF.
Selon sa fiche de mission de décembre 2021, consultée par Le Monde, M. Masseglia devait remplir un rôle protocolaire et « d’accompagnement et d’assistance » sur plusieurs événements comme les Jeux d’été de Tokyo, en 2021, et ceux d’hiver de Pékin, en 2022, et « faciliter la mise en relation des partenaires et annonceurs » avec le groupe Reworld Media (Media 365) pour Sport en France, la chaîne de télévision créée en 2019 sous l’égide du CNOSF.
Dans un mail envoyé le 2 janvier 2022 dans la soirée à Mme Henriques et à Michel Callot, trésorier général du CNOSF et président de la Fédération française de cyclisme, M. Masseglia « fait part de [sa] préoccupation relativement au montant global de ces frais de mission et aux commentaires que cela pourrait susciter », ajoutant qu’il « est possible voire probable que le montant global soit du même ordre ou supérieur en tant que président honoraire » qu’en tant que président en activité du CNOSF.
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