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Publish date: 2023-03-17 11:06:09
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Aurélien Sanchez est devenu, vendredi 17 mars, le premier coureur français non seulement à remporter la Barkley mais à terminer cette mythique épreuve d’ultra-endurance, qui se déroule dans les Brushy Mountains, petit massif boisé du Tennessee (Etats-Unis), théoriquement sur 160 kilomètres assortis de 20 000 mètres de dénivelé positif et à parcourir en moins de soixante heures.
Parti dans la nuit de mardi à mercredi, le Toulousain âgé de 32 ans a terminé les cinq boucles en 58 h 32 min 12 s, quelques minutes seulement avant l’Américain John Kelly (58 h 42 min 23 s) et le Belge Karel Sabbe (59 h 53 min 33 s).
Les trois hommes sont les seuls finishers de l’édition 2023 de la Barkley, qui n’en comptait que quinze depuis sa création, en 1986, et qui n’en avait pas connu depuis 2017. « Finie ! », a simplement écrit sur son compte Instagram vendredi Aurélien Sanchez. Quarante athlètes avaient pris le départ de cette 36e édition. L’Ecossaise Jasmin Paris, meilleure concurrente, a terminé la quatrième boucle juste après la limite de temps.
Si les finisseurs sont si rares, c’est que la course est l’une des plus difficiles au monde pour de multiples raisons. La distance, d’abord, censée être de 160 kilomètres, est souvent plus proche 200. Le parcours, ensuite, tenu secret jusqu’au dernier moment, change chaque année et il faut le trouver soi-même avec carte et boussole. La plupart du temps, les coureurs doivent évoluer hors sentier, dans des gorges humides, raides et encombrées de broussailles, de ronces ou de troncs d’arbres.
Comme dans un jeu de piste
Comme dans un jeu de piste, il faut trouver treize livres cachés sur chaque boucle et en arracher la page qui correspond à son numéro de dossard pour prouver son passage. Téléphone et GPS sont interdits. En cas de problème, les concurrents sont donc livrés à eux-mêmes. Tous doivent d’ailleurs signer la décharge suivante : « Si je suis assez idiot pour me lancer dans la Barkley, je dois être tenu responsable de toutes les conséquences de cette tentative, qu’elles soient financières, physiques, mentales ou autres. »
Sélectionnés sur dossier, ils doivent notamment remplir un formulaire avec des questions du genre « Expliquez l’excédent de positrons du rayonnement cosmique » ou « Quelle quantité de beurre faut-il pour cuire une livre de foie (avec des oignons) ? ».
Les candidats retenus en sont informés par une lettre dans laquelle on peut lire : « Vous pouvez, si vous le souhaitez, passer les mois qui nous séparent d’avril à tenter en vain de vous entraîner pour parcourir la plus grande distance possible avant votre inévitable trépas. Cependant, comme aucun non-Américain n’a achevé cette course depuis 1995, il serait probablement préférable de passer ce temps à mettre de l’ordre dans vos affaires… Mettez votre testament à jour, rendez visite à vos amis et à votre famille, et réglez tout ce qui doit l’être. »
Voilà entre autres pourquoi il a fallu attendre la 10e édition pour que quelqu’un réussisse enfin à la finir. Avant Aurélien Sanchez, seuls des Anglo-Saxons y étaient parvenus.